Courrier de Fatiha "France" Retour

Diversité de cas existent et l'analyse de la condition féminine n'est pas aisée.
De mon cas personnel, je tire quelques leçons qu'il est tout à fait possible de généraliser avec toute la prudence nécessaire.
Jeune femme kabyle de 24 ans, née et éduquée en France par des parents attachés aux traditions; je ne fais que constater au jour le jour (comme Linda) que faire sa place est loin d'être facile. Les études, au delà de l'ouverture d'esprit qu'elles procurent, sont ,il est vrai, une sorte de passe droit, un méritoire qui exige sa récompense (plus de confiance de la part de nos parents notamment). Néanmoins, les situations sont loin d'être similaires et si certaines filles parviennent à échapper aux contraintes paternelles, d'autres demeurent bloquées. J'en veux pour preuve mon bac + 5 qui ne m'aide pas aujourd'hui à être vraiment plus libre de mes faits et gestes.
Je voudrais ici apporter ma modeste contribution en effectuant une constatation.
Le phénomène de l'immigration ne facilite pas forcément tout le temps l'émancipation des femmes. Vivre en France ne rime pas en effet toujours avec liberté et ouverture d'esprit.
Je constate ainsi que très souvent nos parents réagissent aujourd'hui encore en fonction des us et coutûmes qu'ils avaient en quittant l'Algérie il y'a 20 ou 30 ans.
Or en Algérie, les choses évoluent! Je suis moi-même très souvent choquée (dans le bon sens du terme) de l'évolution de la condition des jeunes femmes en Algérie (étude dans une université lointaine ou à l'étranger, sorties diverses et variées à n'importe qu'elle heure du jour et de la nuit, petits-copains à ne plus savoir qu'en faire, mais surtout look vestimentaire occidentalisé tant et si bien que même à mes yeux, certaines tenues(courtes et sexy) paraissent choquantes compte tenu du contexte culturel dans lequel j'ai été éduquée.
Quand j'étais plus jeune, j'étais écoeurée par tant d'interdictions me concernant quand je voyais la manière dont les choses évoluaient au bled, si chèr à mon coeur. Je ne manquais d'ailleurs pas de le faire remarquer à mon père qui faisait preuve, il faut bien le dire, d'une certaine mauvaise foi, ça ne l'arrangeait pas vraiment.
Ce que je souhaite vous signifier par là c'est le fait que nos parents sont deconnectés de l'évolution culturelle de leur propre pays, partir en vacance chaque année ne leur suffit pas à se rendre compte de l'ampleur des changements qui ont eu lieu là bas, au lieu de cela, ils continuent à appliquer ici les règles et principes qui n'ont plus vraiment leur place même en Algérie.
L'essentiel est de trouver son équilibre me direz-vous? C'est vrai, mais ce serait tellement plus facile si aujourd'hui, chacun des faits et gestes des jeunes filles "serrées" par leurs pères et qui pourtant n'inspirent qu'à la vie, n'étaient pas ressenties par elle comme de la culpabilité et source de frustration.

Félicitation pour ce site.

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